Julien Breton, originaire de Nantes, débute la calligraphie en 2001. Mêlant les lettres de son alphabet de façon arbitraire dans ses compositions, il crée des calligraphies abstraites à partir d’un mot, d’une phrase, afin d’en dégager une énergie particulière, forte et fluide.
Sa découverte du procédé light-graff en 2006 lui a permis d’expérimenter un nouveau mode de création. Il y découvre une forme d’expression empreinte de gestuelle, de chorégraphie, d’échanges entre photographe et artiste. La possibilité « d’écrire dans l’espace », d’épouser un lieu dans ses perspectives, ses couleurs et son histoire lui donne envie d’explorer cette nouvelle forme d’expression picturale. Tout paysage, toute architecture, toute texture devient prétexte à s’en imprégner, s’insérer dans ses perspectives, à le calligraphier pour immortaliser cette rencontre entre écriture et photographie.
Au moment ou l’appareil se déclenche, Il faut se déplacer face à l’objectif de l’appareil photo en effectuant les différents tracés calligraphiques avec des lampes de différentes formes, sans repère visuel et à l’envers.

Son approche méthodique, réfléchie et rigoureuse le place dans une démarche d’exigence et d’efficacité hors pair. Chacune de ses calligraphies est dans un premier temps élaboré sur papier. Elle est ensuite maintes fois répétée dans l’espace, jusqu’à être assimilée maîtrisée et qu’elle relève d’automatismes chorégraphiques. C’est alors avec une précision chirurgicale qu’il opère.

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En 7 ans, la calligraphie s’est imposée, immiscée dans ma vie. Elle est une suite logique à ma passion pour l’écriture, la philosophie et le hip-hop. Jouer avec les courbes, les lignes, déstructurer mon alphabet quitte à le rendre illisible littéralement est un exercice auquel je me livre chaque jour avec le même plaisir. Je travaille chaque calligraphie avec cette envie de dépasser le sens même de la phrase pour en dégager une énergie, un esthétisme propre, une forme équilibrée qui se détache de l’arbitraire composition de lettre qui compose un mot ou une phrase. Le sens même de la phrase me conditionne à sa réalisation. Plus la phrase évoque pour moi un sens, une émotion ou une complicité, plus le plaisir de la calligraphier en sera important. Plus encore que son résultat final et « artistique », mon style de calligraphie prend son essence dans la relation que j’entretiens avec ces phrases. Mes premières calligraphies ont été des phrases issues de textes de rap. Depuis, tout en continuant à rester proche du mouvement hip-hop, mes choix littéraires se sont portés vers des auteurs occidentaux et orientaux, contemporains ou non qui ont contribué à élargir ma philosophie de vie. Autodidacte, j’ai développé un alphabet latin original proche de l’esthétique de certains styles de calligraphie arabe. C’est pourquoi, mises à part quelques exceptions, toutes les calligraphies présentées sur mon site sont en Français. Je n’écris et ne parle pas arabe. Mais chaque jour me rapproche de cette langue dont j’ai hâte de démarrer l’apprentissage.

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« Seul le turban flotte dans une nuit désertée par les rêves » Pierre Desvigne

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« De deux choses lune. L’autre c’est le soleil » Jacques Prévert
« J’attends la fin de leur monde » Shurik’n

Le Graff a été ma première approche de la calligraphie. La déstructuration des lettrages et la volonté des grapheurs de se réapproprier l’espace public ont été, je pense, un des premiers vecteurs de mes débuts en calligraphie. La calligraphie arabe a suivi avec la découverte de Hassan Massoudy et Lassaad Metoui. Leurs travaux m’ont largement inspiré et je ne peux que les remercier de leurs influences sur mon travail. Ils ont été les moteurs de cette recherche d’esthétisme. Leurs travaux et ouvrages ont non seulement défini mes objectifs artistiques, mais aussi spirituels face aux choix des phrases calligraphiés. Enfin les calligraphies Japonaise et Chinoise m’ont inspiré par leur énergie gestuelle instantanée : cette magie de l’instant par la réalisation de calligraphie en un geste. Calligraphier en Français en s’inspirant des calligraphes Arabes dans ces flexions et formes arrondies, m’inspirer des idéogrammes Japonais et Chinois dans la composition et pour leurs formes imposantes dans leur équilibre graphique, ou encore m’inspirer des lettrages des grapheurs que j’ai pu voir et découvrir au fur et à mesure de mon parcours, peut sembler vouloir « dénaturer » l’essence de ces différents « courants esthétiques ». Au contraire, ma méconnaissance des codes, des règles de calligraphie, de la tenue d’une plume m’a permis de me détacher de toute contrainte, de toute règle imposée. Et c’est cela qui m’a permis de mêler des styles improbables avec peut être cette envie de créer un langage universel, sans barrière, ni code.
L’alphabet original que j’ai élaboré est un alphabet en français. Il a tout d’abord évolué doucement sur papier par mes recherches autour des flexions, courbes et lignes de l’écriture arabe. Puis, je l’ai retranscrit en une typo informatique. Cet échange entre papier et informatique permet une rencontre particulière, l’un nourrissant l’autre de part ses contraintes.

typographie

La découverte en 2006 de la calligraphie lumineuse a été pour moi une révélation. Le photographe Guillaume J. Plisson du collectif Libre-arbitre m’a initié à cette pratique. Toutes les photographies présentées sur mon site ont été réalisées sans l’apport de retouches informatiques.
Le principe est simple : L’appareil photo, posé sur un pied, prend une photographie en « pause longue ». Ce qui veut dire que la photographie peut durer de 30 secondes à plusieurs dizaines de minutes en fonction de la luminosité du lieu choisi. C’est le même principe utilisé par les photographes pour photographier les traînées des phares de voitures sur le périphérique par exemple. Pendant ce long temps de pause, je construis des calligraphies à l’aide de lampes de différentes formes et couleur, en utilisant le décor comme « fond de toile ».
L’encre devient lumière, le papier devient photographie, la calligraphie devient chorégraphie

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« Le silence est cri » You-k-off

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« Ceux qui rêvent le jour auront toujours un avantage sur ceux qui ne rêvent que la nuit » Edgard Allan Poe
« À la fortune fait écho la misère »
« Le savoir élève ceux qui ne possèdent rien » Khalil Gibran

Photographies: Guillaume J. Plisson