Michaël Boumendil est LE designer sonore français, il a travaillé pour la plupart des grandes marques comme Cartier, SNCF, Samsung… Le Journal du Dimanche lui a consacré un article-portrait ; Découvrez-le dans la suite !

Chaque jour dans le monde, un milliard de personnes écoutent ses sons. Et quarante millions en France. Peu de musiciens peuvent se vanter de toucher un tel public. Michaël Boumendil peut aussi se targuer d’avoir inventé, il y a quinze ans, un nouveau métier, celui de designer sonore. Et une de ses créations vous a forcément traîné dans la tête: le fameux jingle de la SNCF, c’est lui; celui des Aéroports de Paris, aussi; ceux de Coca-Cola, Samsung, la RATP, France Télécom… toujours lui.

« Au départ, je suis un vaste échec », plaisante, faussement modeste, ce quadra que des patrons du CAC 40 sollicitent aujourd’hui pour créer « l’identité sonore » de leur entreprise. Sa mère, premier prix du Conservatoire, avait relégué son piano aux oubliettes après avoir essuyé un échec retentissant auprès de ses deux filles aînées. « À 10 ans, j’ai découvert l’instrument caché dans la buanderie et j’ai appris tout seul, à l’oreille, en cachette », se souvient-il.

À 12 ans, il joue dans des groupes de rock. Il obtient ensuite son bac « grâce au sport », prépare HEC et décroche l’Edhec. « Je me suis passionné pour les marques, avoue-t-il. Une nuit, j’ai rêvé que je faisais avec le son ce qu’on parvient à faire avec le visuel. C’est de ce rêve-là qu’est née la notion d’identité sonore. Les premières années, les gens me riaient au nez. » Mais il veut mener son idée jusqu’au bout. En 1995, à 23 ans, Michaël Boumendil créé son agence, Sixième Son, la première du genre. Dans les bureaux, les instruments sont rois, du piano à la guitare en passant par la lyre égyptienne!

« La musique est un élément de langage »

Tout est bon pour trouver la pièce musicale qui représentera le mieux la marque: suggérer le voyage pour une compagnie aérienne marocaine, la fragilité et le haut de gamme pour une ligne de verres en cristal… Le tout en quelques secondes. « Mon travail n’est pas seulement que les gens se souviennent de ce qu’ils entendent mais aussi qu’ils comprennent tout de suite qui est cette marque. La musique est un élément de langage et nous travaillons sur les émotions et les impressions des gens. Je leur raconte une histoire ».

Rapidement, Sixième Son rafle les prix de la création d’entreprise comme les Défis jeunes, la Fondation Trois Suisses, la Banque populaire… Les plus grandes sociétés s’y essaient, comme France Télécom en 2001 ou la SNCF en 2005. Aujourd’hui, plus de 120 marques lui ont accordé leur confiance parmi lesquelles Cartier, Michelin, Castorama… « En une heure, on peut être soumis à environ 20.000 marques, estime Michaël Boumendil. Mon travail est de créer un dialogue entre elles et le public dans un espace de temps très réduit. »

L’efficacité de l’identité sonore fait des émules: désormais, ce sont des hommes politiques qui veulent bénéficier de ses jingles entêtants. Mais Michaël Boumendil a choisi de ne pas franchir cette ligne.