Hamid Bouhioui
Né le 4 juin 1963 à Casablanca. Hamid Bouhioui vit et travaille entre le Maroc et le Canada. Titulaire d’un doctorat en acoustique (France), il déménage à Vancouver au Canada où il enseigne l’acoustique à l’University of British-Columbia et travaille pour Boeing et Nasa avant de quitter la recherche en 2000 et se consacrer à la peinture, sa passion depuis toujours.
La femme comme modèle unique ou presque! Après le visage que j’ai exploré durant des années et effleuré de millions de coups de pinceau, c’est le corps qui m’interpelle et me convie à un dialogue dont le sujet m’est encore flou. Le corps, être universel, puisque personne, d’aucune culture, ne peut résister à son appel muet, me hante de plus en plus, comme un rêve dont je cherche à concevoir les contours sans jamais y parvenir. Un rêve qui, à chaque toile me fuit, en ne me laissant que le contour vague de sa fugue.
Et c’est là toute ma recherche actuelle. Le bonheur mystérieux de l’insaisissable!
Combien de fois, dans l’histoire, des visionnaires ignares ont-ils enterré la peinture figurative ? ! Et elle est toujours là, comme le phœnix ou même mieux car elle s’est relevée de ses cendres plus d’une fois! La figuration est un acte naturel ! C’est le plus vieux de tous les arts. Je dirais même, que tout ce qui n’est pas figuratif est nécessairement dérivé du figuratif, l’origine de tous les courants y compris évidemment l’art abstrait. […]
Quant à la mode, je le répète: si l’artiste suit la mode, qui va créer ? La mode c’est ce qu’on adopte quand on manque de confiance en soi, quand on ne sait pas qui on est ni quoi créer. La mode est faite pour être démodée! Divers types de modes naissent et meurent tellement rapidement qu’on n’a même pas le temps de les apprécier! […]
Il ne s’agit pas de passer sa vie à éviter la mode, car celui qui fait tout pour éviter quelque chose en devient lui-même l’esclave ! Mais que chacun suive simplement son propre chemin et si celui-ci devenait mode ou coïncidait avec elle, alors pourquoi pas ?
Et moi je dis ceci : « L’artiste ne suit pas la mode, c’est la mode qui le suit »
Extrait de « L’art ringard »
Être artiste est une énorme prise de risque que seuls des passionnés se permettent! Choisir ou se laisser entraîner dans un style plutôt qu’un autre est un grand risque.
Exposer ses œuvres, ses idées, ses rêves et ses convictions devant les autres et donc s’exposer à leur critique subjective, dépendant de leur culture, de leur environnement et de leur condition sociale est aussi un grand risque que l’artiste prend de manière régulière. Qu’il soit écrivain, poète ou peintre, à chaque image que l’artiste crée, c’est sa propre image qu’il risque. […]
Quelquefois prendre un tout petit risque peut s’avérer très nuisible. Et inversement, un risque qui est potentiellement, artistiquement suicidaire pourrait au contraire donner la vie éternelle. C’est le cas de Marcel Duchamp quand il a osé exposer un simple urinoir de ceux que l’on fabrique en série. Un urinoir qui, au lieu de lui attirer la foudre de la critique et le mépris des gens ordinaires, l’a rendu « artistiquement » immortel !
Je pense que cette incertitude accompagnant le risque chez les artistes crée une situation propice à la créativité. Le fait de passer d’une technique à une autre, d’une idée à une autre, d’un matériau à un autre ou d’un support à un autre, évoque de nouvelles perceptions et force donc les artistes à oser de nouvelles choses, à prendre des risques. Quand un artiste ose quelque chose de nouveau et qu’il a l’élégance de vouloir réussir, il apparaît souvent et spontanément une sorte d’énergie, de détermination et de courage pour l’y aider.
C’est en étant craintif, en ayant peur de l’échec que l’on cesse d’apprendre et de créer !
Extrait de « L’art du risque«