Leila Alaoui ou l’épiphanie des visages

Leila Alaoui portait en elle une âme sensible empreinte d’une profonde compassion. Entre 2010 et 2014, sa volonté libre l’emmène à sillonner diverses régions rurales du Maroc avec pour seul compagnon de route, son appareil photo. Humble et bienveillante, elle réussit à convaincre hommes, vieillards, femmes et enfants à rentrer dans son studio mobile.

« Puisant dans mon propre héritage, j’ai séjourné au sein de diverses communautés et utilisé le filtre de ma position intime de Marocaine de naissance pour révéler, dans ces portraits, la subjectivité des personnes que j’ai photographiées » raconte-t-elle. 

Ses portraits sont pris face à l’objectif sur fond noir révélant les personnes dans leur tenue du moment.

« Comme dans le portrait classique aussi, la place prise par le vêtement, qu’il soit somptueusement coloré ou banalement quotidien, fait presque oublier la présence des corps. » explique Guillaume de Sardes, commissaire d’exposition. Et de rajouter « En revanche, l’abolition du corps par le costume autorise une véritable épiphanie du visage. »

L’artiste nous dévoile des visages sincères au regard pénétrant d’un Maroc hautement pluri-culturel. Ici, on fait face à l’impressionnant vendeur d’eau avec son chapeau à large bord recouvert d’innombrables pompons colorés afin d’être perçu de loin par les villageois le jour du marché. Ou encore, on rencontre un enfant aux yeux noirs rieurs esquissant un sourire du bout des lèvres et vêtu d’une djellaba blanche en laine.

Leila Alaoui a voulu même titrer chaque oeuvre par le nom du village où le portrait a été photographié.

« J’ai aussi beaucoup appris sur mon pays. » dira-t-elle.

Leila Alaoui, artiste franco-marocaine

Leila Alaoui, marrakchie de naissance, a connu enfant Yves Saint Laurent.

Pierre Bergé dit d’elle « Leila Alaoui faisait partie de ces gens engagés qui n’hésitent pas à parcourir le monde pour venir au secours des autres, pour témoigner, et c’est là ce qu’elle a fait de plus beau. Ses convictions étaient profondes. La manière dont elle a disparu justifie le combat que j’ai mené toute ma vie pour la tolérance. « Quand je cesserai de m’indigner, j’aurai commencé ma vieillesse » : c’est à André Gide que je pense, lorsque je me souviens de Leila Alaoui. »

L’artiste est décédée suite à l’attentat de Ouagadougou le 15 janvier 2016.

Information:

Exposition temporaire gratuite

« Les Marocains » de Leila Alaoui, du 30 septembre 2018 au 5 février 2019 Au musée YVES SAINT LAURENT marrakech

L’accès à la salle d’expositions temporaires se fera exceptionnellement par une entrée dédiée, rue Al Houdhoud, pendant toute la durée de l’exposition.

Commissariat : Guillaume de Sardes

Scénographie : Christophe Martin

 

PUBLI-POST écrit en partenariat avec le musée YVES SAINT LAURENT marrakech