Des dômes colorés venant d’un bureau d’architecture atypique

Si l’on passe par Hormuz, on peut y voir des dômes colorés, dessinés par les architectes de ZAV, un bureau iranien d’architecture dont le but est de donner du pouvoir à la population locale. Ce groupe d’architectes propose des solutions concrètes d’architecture et de développement urbain visant à revitaliser des lieux peu valorisés par les autorités. Leur méthodologie de travail, centrée sur le contexte socio-économique des communautés locales, leur permet de donner du pouvoir aux habitants en redéveloppant un lieu. Dans le cas de Hormuz, le résultat de ce travail prend la forme de dômes colorés.

Panorama des résidences Majara

Sauver Hormuz par l’architecture

Autrefois, grâce à ses terres ocres et sa position géographique, Hormuz était un glorieux port commercial du Golfe persique. De nos jours, cette île aux paysages époustouflants est appauvrie et délaissée par les autorités iraniennes. Ces dernières doivent d’ailleurs faire face aux sanctions économiques internationales empêchant l’augmentation du PIB et « freinant le progrès social », selon ZAV.

Forts de ce constat, les architectes de ZAV ont travaillé sur le projet Presence in Hormuz. Ce projet de développement urbain d’initiative privée vise à attirer des touristes et des investisseurs à Hormuz. Il vise aussi à améliorer les conditions de vie de la population locale.

« L’architecture peut être médiatrice entre différents groupes, et elle peut permettre de trouver un terrain d’entente. » En effet, pour que le projet Presence in Hormuz bénéficie au plus grand nombre, les architectes de ZAV ont appliqué leur démarche habituelle, que l’on peut résumer en 4 points. Premièrement : bâtir de manière économique, pour le bénéfice du client. Deuxièmement : diriger la part la plus importante des coûts du projet vers la main d’œuvre. Cette main d’œuvre doit être locale, afin qu’elle reçoive une formation en construction de bâtiments et bénéficie des salaires. Troisièmement : concevoir des lieux adaptables, pour que la population puisse les faire évoluer de manière autonome en cas de besoin. Quatrièmement, enfin : privilégier des matériaux locaux, afin de réduire les coûts de transport et contribuer à l’augmentation du PIB iranien. De cette manière, ZAV soutient l’économie du pays.

Plan d'architecte des résidences Majara

Un ensemble de résidences colorées

Le projet Presence in Hormuz s’est construit en deux phases : la première, ce fut l’édification du centre culturel Rong, et la deuxième prend la forme des résidences Majara, qui signifie « aventure » en persan. Le but de cet espace est de créer un lien culturel et économique entre la population locale et les visiteurs. Plus concrètement, il s’agit de rassembler sur un seul lieu les marchands d’art d’ocre du port de Bandar Abbas (une ville de l’autre côté du détroit de Hormuz), des investisseurs de Téhéran (la capitale iranienne), et la population locale, partenaire du projet.

Les formes organiques à taille humaine des résidences Majara, similaires à celles de l’observatoire du désert d’Esfahk, sont assorties au paysage montagneux de l’île de Hormuz. Ses couleurs rappellent les tons de la terre, du ciel, de l’ocre, des plantes et des galets. Elles ont l’avantage de se marier à merveille avec la topographie environnante tout en offrant un contraste visuel. Des chemins sinueux, incitant à la promenade, relient les dômes. Cet ensemble de courbes, propices à l’évasion et la contemplation du paysage, pousse les visiteurs à ralentir et flâner sur l’île.

Vue des résidences Majara avec au fond les montagnes de Hormuz

Superadobe, une super technique de co-construction

D’un point de vue technique, les résidences Majara sont des écodômes Superadobe. Le Superadobe est un procédé de construction mis au point par l’architecte iranien Nader Khalili. Il vise à lutter contre le manque de logements et se veut respectueux de l’environnement. Le Superadobe consiste à empiler des sacs de gravats et de terre locale de manière à former un dôme. Ces sacs, maintenus par des barbelés, peuvent ensuite être recouverts et peints. Les architectes de ZAV ont choisi cette méthode peu chère dans le but de réduire le coût des matériaux. D’une forme déjà connue dans la région, la petite taille des écodômes les rend faciles et rapides à fabriquer pour les ouvriers locaux. Plusieurs travailleurs non qualifiés ont d’ailleurs pu profiter de ce projet pour devenir aujourd’hui des maçons experts en Superadobe.

L’avantage du Superadobe se trouve surtout dans son aspect « co-construction », car cette technique nécessite la participation de la population locale. En outre, il n’est pas possible d’imposer un projet de Superadobe sans concertation. Le consentement et la participation des habitants sont primordiaux. Par conséquent, c’est par sa dimension démocratique que l’on est assuré de la viabilité du projet Presence in Hormuz. On peut confirmer ainsi qu’il contribue au progrès socio-économique de l’île.

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