Amina Agueznay, diplômée d’architecture à Washington, s’est aussi formée au design de bijoux. Depuis 25 ans, elle sillonne le pays, allant parfois même dans les régions les plus reculées, à la recherche de partage d’expériences avec les maîtres artisans. Ce véritable laboratoire itinérant d’expérimentation teste et développe des pièces audacieuses. Fabriquées avec des techniques traditionnelles, Amina se plaît à marier dans ses créations, divers matériaux surprenants. Sa double formation lui permet de passer avec aisance de la miniature au monumental et de manier à sa guise forme et volume. Humaniste généreuse, ses projets sont générés organiquement en étroite collaboration avec l’ingéniosité des artisans. Son travail a été présenté pour la première fois, à l’Institut du Monde Arabe à Paris en 1999. Ses oeuvres ont ensuite été exposées sur tous les continents. Récemment, Amina est intervenue comme directrice artistique du Pavillon du Royaume de Bahreïn, pendant l’Exposition universelle de Dubaï 2020 (tenue en 2021-22). Son installation « Curriculum Vitae » présentée au Musée National de L’Histoire de l’Immigration à Paris, a intégré la collection CNAP de France.

Une démarche créative en constante évolution

Lorsque la créatrice se rend dans une région du Royaume, elle expérimente les matières végétales et les techniques artisanales in situ. Mariant assemblages modernes et tissages traditionnels, matière brute et raffinement des formes, Amina nous montre un art en gestes en opérant à l’avant-garde de la création contemporaine.

Les tapis-tableaux de Tiskmoudine

Installée dans l’ancestral Ksar de Tiskmooudine, Amina accompagnée d’une quarantaine de femmes artisanes, réfléchissent de concert pour inventer les objets de demain. Cette découvreuse infatigable a eu la bonne idée d’utiliser les palmiers de l’Oasis fortifié. Respectueuse de son environnement, elle s’est efforcée à récupérer plusieurs parties différentes de la palme. Les folioles sont tressées pour orner des bijoux en argent. La décomposition lente de la matière végétale laissera place à un message gravé sur l’argent.
collier parlme
La hampe, partie basse de la palme, est quant à elle, effilée avec dextérité et minutie par les artisanes. Leurs doigts habiles glissent ensuite les fils végétaux dans le métier à tisser révélant un tapis-tableau éclatant de beauté inspiré du graphisme décorant les portes du Ksar.

Des bijoux en vannerie

Quittant le sud pour la direction du Nord méditerranéen, Amina nous amène, cette fois-ci, à la découverte de la vannerie de Jerada, ville frontalière avec l’Algérie. La réflexion créative d’Amina est de l’ordre du spontanée. Elle est générée sur le terrain lorsqu’elle écoute et observe le savoir-faire artisanal. Sa douceur d’approche avec ces faiseuses de miracles, lui ouvre les portes d’ateliers ancestraux. Elles lui offrent même la liberté d’intervenir sur leurs travaux. Utilisant la technique de tressage en spirale crochetée, Amina joue avec les échelles de mesure du module fabriqué, sans en modifier la matière originelle, l’alpha. Ces pièces de tailles différentes, sont ensuite assemblées sous l’oeil artistique de la designer pour former

*A Tiskmoudine, Amina a dirigé des ateliers avec la collaboration de l’Association Gardiens de la Mémoire dirigée par Salima Naji et David Goeury et soutenue par The Global Heritage Fund.
*A Jerada, Amina a dirigé un atelier de design et développé une collection de produits de vannerie pour le ministère du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie
Sociale et Solidaire marocain.

Site web Amina Agueznay

Ses oeuvres sont présentées lors de l’exposition « Chronique du design: de l’expérimentation artisanale au produit fini » à la Villa des Arts de Rabat, du 8 juillet au 29 septembre 2022.
Evénement à l’initiative de la fondation AL MADA.
Exposants: Amina Agueznay, Younes Duret, Sammy Bernoussi
Curatrice et muséographe: Mia Duret
Scénographie: Younes Duret