Série photographique ‘A Poor Sort of Memory’
Dans ‘A Poor Sort of Memory’, la première monographie de Tracy L. Chandler, le désert californien devient à la fois un lieu d’introspection visuelle et un miroir brisé de la mémoire.
Avec un objectif à l’écoute à la fois de l’intime et de l’étrange, la photographe basée à Los Angeles, revisite ses refuges d’adolescente : les recoins de béton, les formations rocheuses blanchies par le soleil et autres recoins périphériques de sa ville natale du désert.
Autrefois refuges d’une sphère domestique chaotique, ces terrains portent aujourd’hui le poids d’une charge émotionnelle, réfractée par le regard distant de l’appareil photo. Ce qui en ressort n’est pas une fouille nostalgique, mais la cartographie psychique d’un paysage en contradiction avec lui-même.
Chandler capture la quiétude aride du désert dans un style presque minimaliste, et pourtant chaque image vibre d’inquiétude. La dureté de l’environnement contraste avec la densité émotionnelle de chaque image, évoquant une tension entre le visible et le remémoré.
Ses photographies, bien qu’apparemment documentaires, se dissolvent dans un espace où fantômes et monstres – vestiges de la mémoire – brouillent les frontières entre réalité et souvenir.
Son approche est résolument subjective, se positionnant comme une narratrice peu fiable sur un terrain déjà dangereusement familier.
Aucune solution n’est proposée, seulement l’acceptation de l’ambivalence. Ses images ne cherchent pas à se ré-approprier un passé ou à affirmer une vérité, mais plutôt à habiter le territoire glissant entre projection et réflexion.
L’œuvre de Tracy L Chandler suggère que la mémoire n’est pas une fonction linéaire, mais une boucle récursive, souvent désorientante.
Un ouvrage retraçant tous les clichés de cette série photographique est disponible, plus d’informations ici.
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