KAMEH 0.5, une collection de chaises en frêne brûlé
Les débuts de KAMEH à Collectible New York réinventent l’épuisement professionnel et le renouveau à travers des chaises, alliant minimalisme émirati et artisanat japonais dans une étude poétique du feu et de la forme.
L’importance de la collection réside moins dans la géographie que dans le geste : chaque pièce est une méditation silencieuse sur le poids psychique de la vie contemporaine, sculptée à la main en silhouettes calcinées qui brûlent d’introspection.
Ancrée dans l’idéalisme forestier de John Muir, la collection propose une traduction poétique de l’épuisement professionnel en processus matériel. La technique Shou Sugi Ban, une ancienne méthode japonaise de préservation du bois par le feu, n’est pas une simple élégance esthétique. Elle devient ici métaphore : l’expérience de l’épuisement et de la régénération du designer prend forme dans le veinage noirci du frêne, évoquant la transformation par la flamme.
Un risque de littéralisme est certes présent. Mais la sincérité du geste, alliée à la précision du travail, tempère la fougue conceptuelle.
La forêt désertique imaginée par KAMEH offre une géographie spéculative : que signifieraient les arbres dans un lieu essentiellement sableux ? Cette tension – entre rareté et imagination, Orient et Occident – imprègne le langage visuel de la collection.
Le Shou Sugi Ban, technique japonaise, est ici transposé dans un contexte résolument non japonais. Il en résulte non pas une appropriation, mais une synthèse : un dialogue entre les héritages culturels qui suggère de nouvelles cartographies pour le design.
Pourtant, cette adhésion au feu frôle également le malaise environnemental. Avec plus de 255 millions d’hectares de forêts détruites par les incendies de forêt dans le monde, la célébration des techniques de brulure du bois peut paraître contradictoire.
Mais KAMEH aborde cette ambivalence non pas en niant la contradiction, mais en la mettant en scène. Les chaises ne sont pas de simples objets : ce sont des propositions écologiques, prônant la lenteur, la préservation et la réflexion.
Le processus de production, sculpté à la main, confère à chaque chaise une identité unique et singulière. Ce modèle artisanal contraste avec la reproduction industrielle, inscrivant KAMEH dans les valeurs du marché du design de collection : authenticité, tactilité et approche narrative.
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