Source Journal du Design :

Dans le parc des zones humides de la rivière Dianchi Laoyu, un espace écologiquement fragile près de Kunming, le cabinet d’architecture Atelier Deshaus a réalisé une structure d’acier complexe conçue comme un seuil poreux entre une route passante et la tranquillité de la zone humide.

Conçue initialement pour la saison artistique de Dianchi 2024, cette installation permanente ré-interprète fondamentalement le ting traditionnel chinois – ou pavillon – en une création architecturale moderniste et contextuelle.

Le site du projet est crucial : la zone humide est un élément vital de l’infrastructure de purification de l’eau de la ville, le dernier filtre naturel avant que l’eau n’atteigne le lac Dianchi. Son utilisation informelle par les habitants pour la pêche de loisir lui a valu le nom de Pavillon de la Pêche. L’Atelier Deshaus a répondu à cette situation unique – un lieu de rencontre entre nature et infrastructure – en créant une forêt artificielle de fines colonnes d’acier.

Cette intention architecturale se manifeste par une composition saisissante de 93 colonnes d’acier, chacune constituée d’une barre ronde pleine de 40 mm de diamètre, affleurant au sol et soutenant une toiture fragmentée et multicouche. Les architectes décrivent l’expérience qui en résulte comme une immersion poétique, brouillant avec subtilité la frontière entre l’artificiel et le naturel.

La densité et le décalage de ces fines colonnes guident délicatement la circulation dans l’espace, où deux chemins se déploient doucement vers le lac. L’approche structurelle a été dictée par les strictes exigences environnementales du parc, qui interdisaient toute modification du sol existant.




Pour ce faire, l’Atelier Deshaus a développé un système de préfabrication, appréhendant la construction comme l’assemblage d’une installation extérieure de grande envergure.

Au lieu de fondations traditionnelles, une plaque d’acier repose directement sur le sol, chaque colonne étant fixée sur un petit bloc d’acier carré de dix centimètres – une « micro-fondation » – afin de minimiser le contact avec le sol et de préserver la fragilité du terrain.

Cette méthode de construction légère illustre comment les technologies modernes peuvent respecter les écosystèmes fragiles. La toiture, d’apparence irrégulière, est un assemblage sophistiqué composé de modules superposés de plaques d’acier plates et inclinées. Au-dessus des supports principaux, 125 colonnes courtes et fines de 20 mm de diamètre ajoutent des strates de complexité, créant des zones de densité variable et conférant à la toiture une structure à mi-chemin entre rigidité et flexibilité.

Cette technique permet de dématérialiser subtilement l’acier massif, son aspect industriel cédant la place à une illusion d’ombre profonde et à l’apparence d’un toit de chaume vu de loin. En déconstruisant la toiture traditionnelle à quatre pans en ces strates fragmentées, le pavillon atteint une remarquable légèreté visuelle.

L’Atelier Deshaus affirme que la structure revisite la métaphore de l’arbre comme archétype structurel originel de l’abri humain, créant un espace aéré, accessible et invitant naturellement à la contemplation.








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