Sonic Maze, un design hybride et défiant les limites
Dans une Europe en proie à la fragmentation, à l’isolement numérique, aux peurs et aux conflits, le Sonic Maze a vu le jour grâce à la collaboration entre l’architecte français Raphaël Boursier Desvignes de mesure studio et la designer allemande Charlotte Kammerer d’ultimo intimo.
Cette structure originale de 12 × 12 mètres, légère et composée de deux corps gonflables indépendants, a pris forme en quelques minutes sur la place centrale de la Dutch Design Week 2025.
Sélectionnée comme Grand Projet par la Dutch Design Foundation, elle a été conçue comme un seuil d’accueil pour les 350 000 visiteurs attendus durant les neuf jours de l’événement.
Cette présence radicale, qui se refuse à toute catégorisation, ambitionne de repousser les frontières des disciplines : design, art, musique et architecture. Elle interroge notre capacité à façonner collectivement l’avenir et nous invite à repenser les limites que nous nous imposons.
Un grand artefact noir et mystérieux, oscillant au centre de l’espace, invitait le public à débuter la Semaine du Design par une expérience inédite. Pour y pénétrer, il fallait franchir des parois douces et inclinées – un seuil corporel. À l’intérieur, un épais brouillard stimulait par moments d’autres sens que la vue, tandis que des sons emplissaient l’espace, conférant à la structure l’apparence d’un être vivant.
Au cœur de ce projet se trouve l’exploration et le dépassement des limites. Selon notre point de vue et notre position, une même surface peut paraître excessivement verticale et infranchissable, ou au contraire, un support que l’on peut habiter, sur lequel s’asseoir, grimper, avec lequel on peut jouer et que l’on peut explorer. Les visiteurs étaient invités à se défaire de leurs idées reçues et à repousser les frontières. Des vibrations se propageaient à travers les parois douces lorsque les visiteurs les touchaient, s’y appuyaient ou s’y allongeaient.
Pour créer un univers à part, invitant au mouvement des corps et des perceptions, différents paysages sonores spatiaux – déclinés en d’innombrables variations – ont été spécialement composés pour l’occasion par Drux, un producteur français de musique électronique. Inspirée par les bruits blancs, les bourdonnements et les variations de pression atmosphérique, cette symphonie évoluait continuellement en fonction du temps, du lieu et du hasard, garantissant ainsi que chaque visite soit unique et éphémère.
Le Sonic Maze a révélé la puissance d’un design ouvert : une structure qui peut se transformer en salle de concert, scène de festival, aire de jeux, sculpture publique, espace de méditation ou installation artistique, selon les personnes qui y pénètrent et la manière dont elles interagissent. Sa polyvalence a démontré comment le public s’approprie intuitivement des espaces qui invitent plutôt qu’ils n’imposent.
Pour l’avenir, mesure studio et ultimo intimo recherchent des collaborateurs passionnés par l’expérimentation, la participation du public et la narration immersive, que ce soit dans les domaines de la culture, de la technologie, de l’architecture, de la musique, de la mode ou de l’espace public.
En définitive, le Sonic Maze soulève une question essentielle du design contemporain : quelles possibilités émergent lorsque la créativité s’affranchit des catégories et lorsque nous laissons les espaces – et ceux qui les habitent – redéfinir le design ?



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