Casa Tobi, une expressivité brute
Casa Tobi, le dernier projet résidentiel d’Espacio 18, se dresse tel un geste silencieux gravé dans les falaises côtières de Puerto Escondido, au Mexique.
Plutôt que de s’imposer au paysage, la maison s’incline : sa pente en escalier reflète la pente du terrain, sa palette de matériaux fait écho aux sables ternes de la terre.
Puisant une résonance philosophique dans la vision de Sou Fujimoto sur les futurs architecturaux primitifs, Casa Tobi ré-interprète la tradition non pas par nostalgie, mais par un jeu discret, superposant formes élémentaires et expériences sensorielles en dialogue avec la nature sauvage d’Oaxaca.
Dès le premier pas sur sa terrasse supérieure, on est enveloppé d’une sérénité naturelle. Un bassin réfléchissant accueille les visiteurs non seulement avec une élégance esthétique, mais aussi avec une fonction climatique : rafraîchissante, miroitante, apaisante.
Cette eau, à la fois miroir et membrane, amorce la descente vers les niveaux inférieurs de la maison, où les volumes s’ouvrent et se compriment dans une chorégraphie intentionnelle qui rappelle l’intimité d’une grotte et l’ouverture de l’horizon. Ici, l’architecture ne s’annonce pas ; elle se révèle.
À mesure que l’on se déplace dans l’espace, l’architecture se dévoile lentement. Le cœur social – bureau, salle à manger, piscine, foyer – s’inscrit dans une étendue d’un étage et demi, brouillant les frontières entre le bâti et le vaste environnement.
Le spectacle panoramique des collines et de la mer n’est pas une toile de fond, mais un élément essentiel du rituel quotidien. Les espaces privés, en revanche, se replient au niveau le plus bas, où l’intimité est au premier plan et où la canopée filtre la lumière pour créer un espace secret et apaisant.
Le récit tactile de Casa Tobi repose sur son expressivité brute et terrestre. Les tons terreux évoquent les carapaces de crabe et la pierre oxydée, ancrant la maison à la fois dans la fantaisie et la géologie.
L’eau réapparaît dans des gestes évocateurs – clin d’œil aux chutes pétrifiées locales de Hierve el Agua – reliant la domesticité au mythe et à la topographie. Cette maison ne cadre pas les vues ; elle s’y soumet.
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